Plusieurs signaux laissent présager une baisse de la valeur du dollar américain en 2025, une monnaie largement utilisée en République Démocratique du Congo (RDC). Entre la flambée des prix de l’or, la baisse du dollar face à l’euro et l’augmentation du déficit budgétaire américain, cette tendance pourrait avoir des répercussions majeures sur l’économie congolaise, où 91 % des dépôts bancaires sont en dollars.
L’or, valeur refuge en période d’incertitude, a atteint un sommet historique, frôlant les 3 000 dollars l’once. Cette montée traduit une perte de confiance des investisseurs dans le billet vert, qui préfèrent sécuriser leur capital avec des actifs plus stables. En parallèle, le dollar a perdu 3,5 % de sa valeur face à l’euro en un mois, confirmant une tendance à la dépréciation sur les marchés des changes.
L’une des causes majeures de cette fragilité réside dans la dette américaine. Selon le Bureau du budget du Congrès (CBO), le déficit public des États-Unis devrait atteindre 1 900 milliards de dollars en 2025, soit 6,2 % du PIB, un niveau presque deux fois supérieur à la moyenne historique (3,4 %). Cette explosion de la dette suscite des doutes quant à la solidité du dollar comme actif de référence.
De plus, les principaux créanciers des États-Unis, comme la Chine et le Japon, réduisent leurs avoirs en obligations américaines. Pékin, en pleine rivalité commerciale avec Washington, diminue ses achats, tandis que Tokyo vend une partie de ses bons du Trésor pour renforcer le yen. Ces ventes massives accentuent la pression sur le dollar et renforcent l’attrait d’autres devises ou actifs.
Le marché boursier américain, autre pilier du dollar, subit également un ralentissement. L’indice S&P 500 a chuté de 8,7 % en un mois, affecté par la perte de confiance dans le secteur technologique. L’essor des technologies d’intelligence artificielle chinoises, souvent moins coûteuses, pousse certains investisseurs à se détourner des entreprises américaines, ce qui fragilise encore la monnaie américaine.
D’un point de vue stratégique, la politique commerciale des États-Unis favorise une baisse du dollar. L’administration actuelle impose davantage de tarifs douaniers pour limiter les importations et stimuler la production nationale. Pour certains économistes comme Stephan Miran, conseiller économique du président Donald Trump, un dollar plus faible renforcerait la compétitivité des produits américains à l’exportation.
En RDC, une dépréciation du dollar pourrait avoir des conséquences contrastées. D’un côté, les 14,7 milliards de dollars de dépôts bancaires pourraient perdre en valeur, affectant l’épargne des ménages et la trésorerie des entreprises. De l’autre, un dollar plus faible réduirait le coût des importations, pourrait attirer plus d’investisseurs étrangers non américains et donner un nouvel élan au franc congolais.
Pour l’instant, les autorités congolaises restent silencieuses face à cette possible évolution. La Banque centrale du Congo (BCC) maintient son taux directeur à 25 % pour éviter un excès de liquidité en francs congolais, qui pourrait entraîner une nouvelle dépréciation de la monnaie nationale. Avec une économie largement dollarisée, la RDC devra surveiller de près cette tendance, entre risques et opportunités.