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RDC – SEF 2025 : startups, banques et décideurs tracent les lignes de la finance digitale de demain

Image SEF 2025

Loin des projecteurs politiques et économiques habituels, une transformation de fond est en cours en RDC : celle de la finance digitale. Portée par les réalités de terrain et l’ingéniosité africaine, elle s’impose progressivement comme une réponse structurelle aux défis d’inclusion financière et de modernisation. La 6e édition du Salon E-commerce et Fintech (SEF), tenue les 8 et 9 mai 2025 à Kinshasa, a mis cette mutation en lumière.

Organisé au Pullman Kinshasa Grand Hôtel, ce rendez-vous a réuni banques, fintechs, régulateurs, startups et décideurs publics venus débattre d’un thème central : « L’avenir de la finance digitale en RDC ». Le panel animé par Anicet Kabasele d’Ecobank a été particulièrement suivi. Il a permis de clarifier les contours d’un concept souvent confondu avec la simple digitalisation bancaire.

Décentralisation financière en marche

La force de la finance digitale réside dans sa capacité à rendre accessibles des services autrefois centralisés à Kinshasa ou Lubumbashi. “Aujourd’hui, même un vendeur ambulant à Kikwit peut recevoir un paiement mobile instantané”, a souligné Arsène Tungali, panéliste. En dématérialisant les échanges, ces outils donnent une visibilité économique aux oubliés du système classique.

Les fintechs africaines l’ont compris que pour conquérir les marchés locaux, il faut parler le langage du terrain. Interfaces vocales, menus simplifiés, tarification flexible… l’innovation est adaptée aux réalités congolaises. Résultat : les services de transfert d’argent, d’épargne ou de microcrédit via téléphone mobile se banalisent.

La finance digitale ne descend pas d’en haut. Elle émerge des besoins quotidien. Par exemple payer un taxi sans monnaie, envoyer de l’argent à un parent au village, sécuriser ses petites économies. Elle ne remplace pas le système bancaire traditionnel, elle le complète en l’étendant vers les marges.

Des défis tenaces à surmonter

Mais cette expansion est freinée par des réalités têtues qui est le taux de bancarisation bas, fracture numérique, analphabétisme technologique. “L’outil existe, mais tout le monde ne sait pas encore s’en servir”, résume un expert local. Le manque de couverture réseau dans certaines provinces aggrave cette inégalité d’accès.

Plus inquiétants encore, les risques de cybersécurité pèsent sur cette transformation. Faux sites, arnaques via mobile money, usurpations d’identité. La RDC n’est pas épargnée. Le SEF a rappelé la nécessité d’une régulation ferme, couplée à une pédagogie de masse sur les bons usages numériques.

Autre frein culturel : la confiance. “Le cash, c’est tangible. Le digital, c’est invisible”, entend-on souvent. Dans une société marquée par l’informel, la traçabilité des transactions digitales suscite parfois la peur du contrôle fiscal ou du piratage.

L’approche numérique devient encore plus cruciale dans un pays confronté à des conflits à l’est et à l’instabilité économique. En réduisant les déplacements et en sécurisant les flux d’argent, la finance digitale apparaît comme un outil de résilience socio-économique.

Un cadre légal à construire

Le succès de cette révolution dépend aussi d’un cadre légal adapté. Les débats du SEF ont mis en avant l’urgence d’une loi fintech claire, protectrice pour les usagers, mais aussi incitative pour les investisseurs. Le régulateur congolais est appelé à agir vite.

La clé d’une adoption massive reste l’éducation. Il ne suffit pas de mettre en place une application, il faut en expliquer l’usage. Ateliers, sensibilisations communautaires, formation des femmes rurales… les initiatives de vulgarisation doivent devenir une priorité nationale.

Au final, la finance digitale n’est pas qu’un outil pratique. C’est un levier de souveraineté économique, une chance de bâtir une économie plus inclusive, plus transparente, plus moderne. Encore faut-il que cette révolution silencieuse soit pleinement accompagnée, structurée, et portée par une vision d’ensemble.

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