La tension monte entre la direction d’EquityBCDC et son personnel. Une correspondance syndicale adressée au ministre du Travail, Ephraim Akwakwa Nametu, alerte sur une « opération de licenciement massif déguisée ». L’accusation fait suite à une communication interne de la banque datée du 6 juin, révélant qu’environ 460 employés, soit près de 27 % de l’effectif, sont soupçonnés de fraude à la suite d’une enquête initiée par la maison mère kényane, Equity Group Holdings (EGH).
La banque aurait évoqué une procédure disciplinaire “rigoureuse et exemplaire”, s’inscrivant dans une politique de tolérance zéro. Mais les représentants syndicaux dénoncent une absence totale de transparence. Ils affirment avoir demandé, sans succès, la transmission de pièces essentielles : la liste des agents concernés, les preuves d’infractions, la période couverte par l’enquête, et le montant des fraudes alléguées. Malgré cela, des demandes d’explication ont été envoyées aux employés dès le 10 juin.
Dans un courrier daté du 12 juin, l’intersyndicale fustige une approche “précipitée” et “va-t-en-guerre” de la part de la banque. Pour les syndicats, EquityBCDC semble bien déterminée à contourner les procédures sociales en place. Ils sollicitent donc l’intervention du ministre pour bloquer ce qu’ils estiment être une opération de purge planifiée.
Depuis janvier 2025, EquityBCDC est pourtant engagée dans un processus de conciliation avec son personnel, sous l’égide de l’Inspection générale du travail. Ce dialogue vise à résoudre des contentieux liés à l’inexécution d’un protocole d’accord signé en novembre 2024, notamment sur des questions d’alignement salarial et de classification des emplois. Pour les syndicats, les mesures disciplinaires actuelles ne seraient qu’un moyen de se délier de ces obligations.
Alors que la direction congolaise de la banque garde le silence, le PDG du groupe Equity, James Mwangi, a récemment confirmé l’ampleur de la crise. Il a annoncé une série d’enquêtes internes dans toutes les filiales du groupe, après la découverte de fraudes totalisant environ 15,4 millions de dollars sur deux ans. Ces détournements auraient transité par des comptes offshore et des portefeuilles M-Pesa, un service mobile de paiement très répandu.
En mai dernier, au Kenya, le groupe avait déjà notifié un licenciement massif à 1 200 employés, leur laissant 48 heures pour prouver leur innocence. Faute de quoi, ils devaient quitter leur poste avec une indemnité minimale. La méthode, brutale, fait craindre aux syndicats congolais que le même scénario se reproduise à Kinshasa.
Les prochains jours seront décisifs pour les centaines d’agents concernés. Les syndicats annoncent être prêts à mobiliser leurs bases pour contester toute décision jugée arbitraire. Le ministère du Travail, de son côté, n’a pas encore officiellement réagi.