Le groupe à la pomme dispose d’un monopole sur les paiements mobiles depuis les iPhone. Il s’engage à y renoncer pour éviter une condamnation dans le cadre d’une procédure antitrust ouverte par Bruxelles en 2022.
Dans le viseur de Bruxelles, Apple propose d’ouvrir l’accès à sa puce NFC aux banques Apple
L’exclusivité d’Apple Pay sur les paiements mobiles vit probablement ces derniers jours en Europe. Vendredi 19 janvier, Bruxelles a annoncé que le groupe à la pomme lui a proposé d’ouvrir l’accès à la puce NFC à d’autres acteurs, ce qui permettrait l’émergence de véritables solutions rivales, conçues notamment par les banques et les spécialistes du paiement en ligne.
Monopole contesté
Cette concession fait suite à l’ouverture d’une procédure antitrust par la Commission européenne en mai 2022. Celle-ci portait sur un potentiel abus de position dominante : limiter l’utilisation de technologie NFC, indispensable pour réaliser des paiements sans contact, au système Apple Pay.
Pendant longtemps, Apple a justifié ces restrictions par un enjeu de sécurité et de protection des données des utilisateurs. Un argument qui ne semble plus convaincre. La société soulignait aussi que 2.500 banques européennes utilisent Apple Pay. Mais elle oubliait de rappeler que tous ces établissements doivent lui verser une commission sur chaque transaction.
Ce monopole était dénoncé depuis des années par des banques et des acteurs du paiement, comme le géant PayPal qui fait partie des sociétés qui avaient alerté Bruxelles. Plusieurs d’entre eux ont bien essayé de concevoir des solutions alternatives, ne reposant pas sur le NFC. Mais celles-ci sont moins pratiques, ne leur permettant pas de vraiment rivaliser.
Utilisation sans frais
Pour éviter une condamnation, assortie d’une lourde amende pouvant atteindre jusqu’à 10% du chiffre d’affaires mondial, le groupe de Cupertino propose désormais de laisser d’autres solutions de paiement sans contact utiliser la fonctionnalité NFC, sans frais et sans obligation de passer par Apple Pay.
Cette ouverture s’appliquera à l’ensemble des entreprises de l’Espace économique européen (qui regroupe les 27 pays de l’Union européenne, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein). Et à tous les utilisateurs d’iOS enregistrés dans la région. Ces solutions tierces pourront être utilisées pour régler des achats partout dans le monde.
Apple s’engage aussi à permettre aux utilisateurs de choisir leur système de paiement par défaut – qui pourra donc ne pas être Apple Pay. Il va aussi laisser les plateformes de paiement utiliser la reconnaissance faciale comme un moyen d’authentification de leurs clients.
Consultation publique
En outre, le groupe devra mettre en place un système “juste, objectif, transparent et non discriminatoire” pour octroyer l’accès NFC aux entreprises qui en font la demande. En cas de refus, ces dernières pourront faire appel devant un collège d’experts indépendants.
La Commission européenne vient de lancer une période de consultation publique, à l’issue de laquelle elle pourra accepter les propositions d’Apple. Dans ce cas de figure, celles-ci seront valables pendant dix ans. Dans le cas contraire, Bruxelles pourrait sanctionner Apple et lui imposer des modifications encore plus importantes.