La Journée internationale des droits des femmes met en lumière les défis auxquels sont confrontées les femmes entrepreneures du secteur agroalimentaire à Goma, particulièrement après l’occupation de la ville par la coalition rebelle M23-AFC. Parmi ces obstacles majeurs figurent l’effondrement du système économique local, l’impossibilité de recouvrer les créances et l’inaccessibilité aux services bancaires.
Dans ce contexte de crise, l’intégration du numérique dans les initiatives de développement apparaît comme une solution essentielle. En effet, les outils numériques peuvent permettre aux femmes de surmonter les contraintes financières et logistiques, en facilitant l’accès aux paiements mobiles et aux plateformes d’e-commerce, limitant ainsi leur dépendance aux transactions physiques.
La fermeture prolongée des banques constitue un frein majeur pour ces entrepreneures, les empêchant d’accéder à leurs fonds ou d’effectuer des paiements. L’utilisation de solutions de paiement numérique, telles que les portefeuilles électroniques et les applications de transfert d’argent, pourrait offrir une alternative viable face à cette crise.
Par ailleurs, le numérique peut jouer un rôle déterminant dans la relance des activités grâce à la mise en réseau des entrepreneures, leur permettant de trouver de nouveaux débouchés et d’accéder à des fournisseurs malgré les difficultés logistiques. Des plateformes de commerce en ligne adaptées aux réalités locales pourraient favoriser la vente des produits et éviter une stagnation des stocks.
Léa Bisimwa, vendeuse de poulets fumés, illustre bien les difficultés rencontrées : ses clients n’ont pas pu honorer leurs dettes en raison de la guerre, et les prix du marché ont chuté. Si des outils numériques de suivi des créances et des paiements à distance étaient largement adoptés, de nombreuses entrepreneures pourraient mieux sécuriser leurs transactions et éviter des pertes catastrophiques.
En outre, la digitalisation des formations et l’accès à des ressources en ligne peuvent renforcer la résilience des entrepreneures face aux crises. Des formations sur la gestion financière, le marketing digital et la recherche de nouveaux marchés pourraient être dispensées via des plateformes accessibles à distance.
Toutefois, pour que cette transition numérique bénéficie réellement aux femmes entrepreneures de Goma, un investissement conséquent est nécessaire. Il est impératif que les acteurs du développement, les institutions financières et les gouvernements s’engagent à promouvoir l’inclusion numérique par le développement d’infrastructures adaptées, la formation à l’utilisation des outils technologiques et la mise en place de politiques facilitant l’accès au numérique.
Le numérique représente une opportunité puissante pour garantir l’autonomisation économique des femmes et la pérennité de leurs activités, même en période de crise. Face aux défis actuels, il est temps d’accélérer cette transformation afin que chaque femme puisse reconstruire son avenir avec des solutions innovantes et durables.