L’édition 2025 de l’enquête « Women in Finance, Women in Management » du Bankers’ Club dresse un état des lieux contrasté de la représentativité des femmes dans le secteur financier et commercial en RDC. Avec 31 institutions financières (IF) et 40 entreprises commerciales (EC) interrogées, les résultats montrent des avancées, mais aussi des freins persistants à la progression des femmes aux postes de décision.
Dans les institutions financières, les femmes sont en moyenne 2,69 par Comité de direction (CoDir), en hausse par rapport à 1,83 en 2024. En comparaison, les entreprises commerciales affichent une moyenne plus faible, 2 femmes par CoDir. Les grandes institutions de microfinance (IMF) et les petites banques sont les plus inclusives, avec plus de 4 femmes en moyenne, tandis que les compagnies d’assurance et les Émetteurs de monnaie électronique (EMEs) restent à la traîne.
Les TelCos (opérateurs télécoms) dominent dans les entreprises commerciales, avec près de 3,5 femmes par CoDir. La communication et la santé suivent avec 3 femmes en moyenne, tandis que le secteur public s’en sort mieux qu’attendu (2,5 femmes). À l’inverse, les cabinets d’audit, de conseil et les hôtels ferment la marche avec à peine 1 à 1,25 femmes en moyenne dans leur direction.
Sur 81 femmes occupant un poste de directeur dans le secteur financier, 15 sont directrices générales ou directrices générales adjointes, contre 12 en 2024. Cela représente 18% des postes les plus élevés, une avancée encore timide. Les fonctions RH et opérations restent les plus occupées par des femmes, alors qu’elles sont quasiment absentes des directions financières et informatiques, des postes clés dans la gouvernance d’entreprise.
Un effectif en croissance, mais une lente ascension hiérarchique
Si les femmes ont franchi le cap des 30% du staff dans 3 institutions financières sur 4, seule 1 sur 5 dépasse les 40%. Pourtant, la progression vers les postes de management reste lente : plus de la moitié des institutions financières comptent moins de 20% de femmes cadres et dans leur CoDir, un signal que l’évolution hiérarchique est encore un défi.
La Banque centrale du Congo (BCC) impose 30% de femmes dans les comités exécutifs et 50% dans les conseils d’administration d’ici 2028. Actuellement, seules les IMF et les EME semblent sur la bonne voie pour atteindre ces objectifs, alors que d’autres acteurs du marché peinent à progresser à ce rythme.
Un engagement insuffisant pour l’égalité des sexes
Seules 1 institution financière sur 4 dispose d’une politique genre formelle, un taux encore bas. En revanche, 40% des entreprises commerciales ont mis en place des mesures spécifiques pour favoriser la progression des femmes. Cet écart souligne un engagement encore insuffisant du secteur financier pour structurer l’inclusion féminine.
Environ 45% des institutions financières déclarent proposer des produits adaptés aux besoins des femmes. Cependant, cette démarche semble prioriser le marché plutôt que l’égalité en interne. L’étude suggère que l’amélioration de la représentation féminine commence souvent par le développement d’une clientèle féminine avant la mise en place de vraies stratégies internes de promotion des femmes.
Des progrès réels, mais encore beaucoup à faire
Les institutions qui parviennent à élever des femmes aux postes de décision sont celles qui investissent dans le recrutement, la formation et la montée en compétence de leur personnel féminin. À l’inverse, les entreprises qui privilégient le recrutement externe pour remplir des quotas au sommet, sans renforcer la base, avancent plus lentement.
Si la représentation des femmes progresse, l’enquête du Bankers’ Club met en évidence des avancées contrastées selon les secteurs et les niveaux hiérarchiques. Toutefois, l’objectif ne doit pas se limiter à un simple remplissage de quotas. Pour garantir une inclusion durable, les institutions financières doivent aller au-delà des recrutements symboliques et investir dans des politiques ambitieuses de formation, mentorat et promotion interne.