Et si vous faisiez confiance aux petits nouveaux ? En cette période d’inflation, les niveaux d’encours de l’épargne réglementée – Livret A, LDDS, LEP – atteignent des sommets. Mais ce ne sont pas les seuls placements à pouvoir vous faire profiter de la hausse des taux d’intérêt. Les fintechs, ces startups qui innovent dans les domaines de la banque et de la finance, redoublent également d’ingéniosité pour proposer des produits d’épargne inédits et aux rendements alléchants. Pour cela, elles vont directement à la source, en vous proposant notamment de miser sur des obligations qui profitent à plein de la remontée des taux actée par les Banques centrales pour combattre l’inflation.
Deux solutions pour cela : investir dans un fonds monétaire, c’est-à-dire un support garni d’obligations émises par des Etats ou des entreprises, ou devenir directement propriétaire d’une fraction d’obligation. La première option a été choisie par deux fintechs britanniques : Revolut et Plum. Revolut a lancé son «compte flexible» fin août. L’argent déposé est investi par un gestionnaire d’actifs américain, Fidelity International, sur des fonds monétaires. Même principe chez Plum, avec son produit «Plum intérêts», inauguré le 3 octobre, qui propose de miser sur le fonds d’un autre gestionnaire d’actifs, là encore américain, le géant BlackRock. L’approche est différente sur l’application allemande Trade Republic, puisqu’elle vous permet depuis peu d’acquérir directement des parts d’obligations, sans intermédiaire donc.
De quels types de produits d’épargne s’agit-il ?
Chez Revolut, qui exerce en France comme une banque depuis fin 2021, il s’agit d’un produit d’épargne rémunéré non réglementé, comme on peut en retrouver dans la plupart des établissements bancaires. Son «compte flexible» est conçu comme une alternative au Livret A. De son côté, Plum propose un «compte rémunéré», présenté comme un concurrent de votre compte courant. Il s’agit en effet d’un compte hybride, avec les mêmes fonctionnalités qu’un compte chèque traditionnel, mais qui vous rémunère en plus. Ce type de compte est autorisé en France depuis 2005, mais peu de banques l’utilisent. Le but : faire travailler «les près de 500 milliards d’euros qui dorment en France sur des comptes courants», résume Victor Trokoudes, fondateur et CEO de Plum. Enfin, chez Trade Republic, vous disposez d’un compte-titres, qui vous permet de stocker vos parts d’actions ou d’obligations. Une innovation récente, issue d’une nouvelle loi allemande «qui permet d’acheter et de posséder des fractions d’actions ou d’obligations en étant copropriétaire des comptes-titres où sont déposés les actifs», explique Matthias Baccino, directeur des marchés européens chez Trade Republic.
Quelle fintech propose le meilleur rendement ?
Au concours du meilleur rendement, c’est Revolut qui, sur le papier, tire son épingle du jeu, en proposant une rémunération grimpant jusqu’à 5,32%. Mais attention, ce taux varie selon la devise choisie et ne peut être atteint qu’avec un compte libellé en dollars US. Il faudra donc s’acquitter de frais de change pour convertir vos deniers en euros. Avec notre monnaie nationale, le taux promis lors du lancement était de 3,73%. Soit à peu près ce que propose Plum, dont le compte est rémunéré à 3,61%. Néanmoins, ces taux sont exprimés avant fiscalité et prélèvements sociaux de 17,2%. Après imposition, le rendement réel du compte en euros tombe à 2,61% chez Revolut et à 2,53% pour Plum, soit moins que ce qu’offre actuellement le Livret A (3%).
En réalité, c’est donc peut-être en investissant directement avec Trade Republic que vous obtiendrez les meilleures performances. L’application ne donne pas – et à raison – d’objectifs de rendement, puisque c’est à vous qu’il revient de choisir les titres (obligations et actions) sur lesquels vous souhaitez investir. A titre d’exemple, les obligations de l’Etat français (OAT) à 10 ans vous rapportent actuellement 3,5%. Mais il est possible d’aller chercher jusqu’à 7,5% sur des obligations à haut rendement («high yield») d’entreprises européennes. Outre des obligations «investment grade», les mieux notées et les plus sûres, l’application référence en effet de la dette «high yield», plus risquée, mais notée minimum «B» sur une échelle allant de «AAA» à «C» par les agences de notation. Les intérêts issus de vos obligations sont également soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30%. A noter toutefois que chez Trade Republic, le capital que vous n’investissez pas en obligations est rémunéré à 4% (2,8% net) sur votre compte-titres.
Quels sont les frais facturés ?
Pour se démarquer des banques traditionnelles, les fintechs ont toujours tâché d’avoir la politique de frais la plus attractive possible. Chez Trade Republic, l’ouverture d’un compte-titres est ainsi gratuite, et vous payez un euro à chaque transaction, à l’achat comme à la vente d’une obligation. Une facture qui tombe à zéro euro «si les investissements sont programmés, par exemple quand un client automatise l’investissement d’une petite somme tous les mois», précise Matthias Baccino.
Les frais sont également rabotés chez Plum, qui prélève 0,30% chaque année sur l’encours géré. Une ponction dont tient déjà compte le rendement affiché de 3,61%.
Enfin, chez Revolut, les frais prennent la forme d’un abonnement que vous payez chaque mois. Pour bénéficier par exemple du taux de 3,73% pour un compte libellé en euro, il faut disposer d’un compte «ultra», facturé 45 euros par mois, mais donnant aussi accès à une gamme de services supplémentaires (une carte bancaire, une assurance voyage, des réductions chez des entreprises partenaires, etc.).
Quel produit est le plus sûr ?
Avec les obligations, le risque principal est que l’entreprise ou l’Etat dont vous devenez le créancier fasse faillite. Il ne s’agit donc pas de placements garantis, même si le risque est limité. Chez Plum et Revolut, le niveau de risque est donc logiquement présenté comme faible. Votre épargne est assurée par le risque – improbable – de faillite des Etats et grandes entreprises emprunteurs. La logique diffère avec Trade Republic puisqu’il vous revient de sélectionner vous-mêmes les obligations dans lesquelles vous investissez et donc votre prise de risque.
Quel produit est le plus liquide ? Ils le sont tous les trois : vous pouvez retirer votre argent à tout moment et le récupérer sur votre compte en 24 heures par un virement. Chez Revolut et Plum, les intérêts étant versés quotidiennement, vous les récupérez également lors de votre retrait. Du côté de Trade Republic, les intérêts peuvent être versés annuellement, mensuellement ou trimestriellement, en fonction de l’obligation choisie.